Paulette Lenert (LSAP)
La ministre de la Santé et Vice-Premier ministre commence par évoquer le phénomène des « working poors » (ces actifs dont le niveau de vie est inférieur au seuil de pauvreté), contre lequel le Luxembourg se doit de lutter, en augmentant le revenu minimum et le parc locatif public pour garantir des loyers abordables.
Mais ces mesures suffiront-elles à pallier la pénurie de main-d’œuvre ? Le gouvernement ne devrait-il pas envisager une réduction de la fiscalité des salaires ? Là-dessus, c’est un non catégorique pour la ministre, qui refuse de résumer l’attractivité du pays à la fiscalité des salaires. « Nous souhaitons évoluer vers des indicateurs qui vont au-delà du PIB. Nous souhaitons faire partie des ‘well-being economies’ qui considèrent autant l’accroissement en termes de PIB que de bien-être ».
Sur la question du bien-être justement et, plus concrètement, de la flexibilité du temps de travail, la ministre reconnaît que la réduction du temps de travail hebdomadaire à 38h (qui fait pourtant partie du programme électoral LSAP) n’est pas toujours idéale, évoquant de nouvelles formes d’innovation sociale inspirées des pays voisins – y compris, l’annualisation du temps de travail.
Claude Meisch (DP)
Petit tour d’horizon pour le ministre de l’Éducation nationale, de l’Enfance et de la Jeunesse, et de l’Enseignement supérieur et de la Recherche : l’Université et les différentes mesures adoptées en temps de crise, telles que la flexibilité du temps de travail (négociée avec les gouvernements des pays voisins), ont largement contribué à l’attractivité du pays.
Le ministre admet, en revanche, que des efforts restent à faire sur la question de la fiscalité des entreprises – en commençant, par exemple, par diminuer les taux d’imposition (supérieurs à la moyenne européenne) et la taxe d’abonnement pour les fonds eco-friendly.
L’occasion pour Luc Frieden de lancer une petite pique sur l’adaptation du barème d’imposition au taux d’inflation, et pour le ministre de répondre, non sans ironie : « Celui qui prétend pouvoir adapter le barème d’imposition au taux d’inflation, je ne le crois pas ». Si le gouvernement a longtemps joué la carte de la solidarité, promis, après la crise, il redonnera aux citoyens et aux entreprises « une partie des recettes ».
Sam Tanson (déi gréng)
Face aux entreprises, la ministre de la Culture, et de la Justice ne se démonte pas et commence par la question qui fâche, celle de la fiscalité. « Au Luxembourg, il y a une plus forte taxation du revenu que du capital, ce qui joue inévitablement sur l’attractivité du pays… Il faut trouver le juste équilibre si l’on souhaite maintenir une certaine cohésion sociale ».
Une augmentation de la fiscalité à laquelle s’oppose fermement Luc Frieden, convaincu qu’elle ne ferait que refroidir les investisseurs étrangers et entraver la prospérité du pays…
D’un air amusé, la ministre reconnaît aussi « être parfois d’accord avec monsieur Frieden », notamment sur la question de la flexibilité du temps de travail. Tous les secteurs ne s’accordent pas sur la manière d’augmenter la productivité des salariés. Le gouvernement ne doit donc pas statuer là-dessus mais plutôt accompagner les entreprises qui le souhaitent sur ces sujets.
Luc Frieden (CSV)
Bien connu du paysage politique, Luc Frieden commence, lui aussi, par aborder la question de la fiscalité. « Il faut construire un pays où l’attractivité fiscale contribue au développement économique », en réduisant la charge fiscale des salariés pour augmenter leur pouvoir d’achat, et les charges fiscales et administratives des entreprises pour qu’elles puissent se développer davantage. Une réforme financée « dès la troisième année », assure le politicien, grâce au cercle vertueux de la reprise économique.
De quoi regretter que l’actuel gouvernement n’ait pas mené une politique de réduction fiscale ? Une petite pique à laquelle Claude Meisch ne tarde pas à répondre, en rappelant que l’actuel gouvernement n’a fait que jouer une carte que le gouvernement Juncker (auquel il appartenait autrefois) connaît bien : celle de la solidarité nationale – avant tout.
Enfin, sur la question du logement, Luc Frieden défend l’idée de pouvoir construire massivement à l’intérieur des périmètres de construction, « sans nouvelles études d’impact, ni mesures compensatoires ». « L’environnement est une question fondamentale mais n’a rien à faire dans le périmètre de construction », au risque sinon de ne jamais sortir de cette crise. Petit rictus chez les verts.