L’intrapreneuriat est une posture entrepreneuriale dans le contexte d’une organisation. Plus précisément, il s’agit d’un processus qui se produit à l’intérieur d’une firme qui mène à des activités et orientations innovatrices, telles que de nouveaux services, produits, technologies, stratégies et modèles compétitifs dans tous les domaines de l’organisation. De fait, l’intrapreneuriat offre de nouvelles opportunités de croissance à une organisation en libérant la créativité et le potentiel d’innovation technique et collaboratif à la faveur de nouveaux gisements d’idées issus du collectif.
L’intrapreneuriat : une lettre de mission ouverte à la co-création
L’intrapreneuriat a souvent été interprété par les entreprises comme un programme visant à créer une start-up en son sein en mutualisant des ressources. Or, cette vision se heurte à l’idée d’entrer dans un processus administratif normé qui empêche la prise d’initiatives et la liberté d’agir selon ses propres pensées. Plus il y a de niveaux hiérarchiques et de procédures strictes, plus il est difficile pour un salarié d’innover. Au contraire, l’intrapreneuriat doit être compris comme une lettre de mission ouverte de la part de la direction, permettant aux intrapreneurs de bousculer les règles et normes établies en s’appuyant sur ce qu’ils font, mais aussi sur ce qu’ils sont.
L’intrapreneuriat se comprend comme la capacité que possèdent certains talents à se connecter à la dimension entrepreneuriale de l’organisation qu’ils servent. Dans ce cas, faire confiance à ses employés et leur donner la flexibilité d’utiliser leurs propres méthodes de travail est capital. Bien qu’ils bénéficient d’une certaine sécurité d’emploi, les collaborateurs doivent saisir l’impact de leurs actions et prendre chaque décision comme s’il s’agissait de leur propre entreprise. Quels sont les coûts, les risques et les résultats liés à mon travail sont autant d’interrogations qu’ils doivent expérimenter intimement pour saisir et vivre la réalité de l’entrepreneuriat.
Créer une culture favorable à l’intrapreneuriat
La culture d’entreprise joue un rôle central dans l’émergence de l’intrapreneuriat. L’entreprise doit naturellement encourager l’indépendance, l’autonomie, la prise de risque et le désir d’innover tout en accueillant les nouvelles idées et les solutions à certains des problèmes existants. Il va sans dire que cette posture doit être incarnée et promue par les dirigeants de l’entreprise qui donnent les permissions et les protections nécessaires à l’expression de la « pleine puissance » de leurs talents.
Dans cette équation, la valeur du travail de terrain est à prioriser à travers l’expérimentation. Pour ce faire, les employés doivent avoir l’envie de s’impliquer. En ce sens, l’entreprise doit rendre la prise de risque acceptable et proposer à ses employés de nouvelles façons de développer leurs projets dans le cadre de programmes d’accompagnement dédiés.
Tous les salariés n’ont pas l’âme d’un entrepreneur. Pour insuffler cet esprit, il est capital de placer des managers de proximité intrapreneurs au sein des équipes. Ces derniers endossent une posture de facilitateur de groupe. Ils encouragent la prise de parole de chacun, favorisent la recherche et la co-construction de solutions. Privilégiant le management participatif, ces leaders ont la capacité d’animer et de dynamiser leurs équipes, révélant le meilleur de chacun dans une logique de réciprocité continue, saine pour l’organisation.
Clé de la montée en compétences et de la rétention
Miser sur l’intrapreneuriat, c’est aussi offrir à ses collaborateurs des possibilités d’avancement et de croissance au sein d’une entreprise: deux puissants arguments qui participent à la rétention de son personnel. A travers cette culture intrapreneuriale, l’entreprise fait monter en compétences ses salariés (upskill). La mise en pratique directe des acquis à travers l’intrapreneuriat permet à l’entreprise de libérer le potentiel novateur de ses salariés. De plus, les giga octets de données de formation disponibles en ligne gratuitement permettent aux collaborateurs de répondre instantanément à leurs besoins en nouvelles compétences.
Un collaborateur engagé est un collaborateur qui se sent écouté et reconnu. L’open innovation comme outil d’intrapreneuriat permet d’atteindre ce sentiment. En effet, le salarié est embarqué dans l’ambition de croissance de son entreprise. A travers le projet qu’il propose au sein du dispositif d’intrapreneuriat, il cultive le sentiment d’y participer concrètement, au-delà de ses fonctions. A travers sa montée en compétences, le salarié se sent ainsi valorisé par la confiance que l’entreprise lui accorde. Il s’engagera ensuite d’autant plus pour celle qui lui permettra de se réaliser. En contrepartie, l’organisation accepte que le projet commun serve le parcours individuel de ses intrapreneurs dans une logique capitalisante réciproque.
Vecteur d’innovation et de montée des compétences, l’intrapreneuriat fédère les collaborateurs autour de la culture de l’entreprise. Pierre angulaire de la croissance, l’intrapreneuriat, compris comme un état d’esprit et intégré à l’ADN de l’entreprise, permet de pallier la pénurie de talents et de transformer les salariés en acteurs innovants et engagés… Reste à poser une intention réelle de transformation et à comprendre les tenants et aboutissants qui permettront d’activer le processus.