21.09.2023 Human Resources fabien galthié FarvestDecrypt Management

La méthode Galthié, ou l’art de sublimer ses équipes

Writer Laura Campan

“Qu’est-ce qu’une belle équipe ?” Sous le soleil de Platon, le philosophe et romancier Charles Pépin interroge le sélectionneur du XV de France, Fabien Galthié, sur la notion de réussite.

L’occasion de revenir sur les rudiments du rugby et la “méthode Galthié” – sans l’accent toulousain, promis.

Lorsque Fabien Galthié reprend les rênes de la sélection en 2020, le rugby français est au plus mal : tensions entre la Ligue Nationale de Rugby et la Fédération, une septième place au classement mondial, un désamour des supporters…

L’ancien demi de mêlée va pourtant réussir le tour de force que plus personne n’attendait : remettre l’église des Bleus au milieu du village du rugby mondial. En seulement trois ans, l’équipe de Fabien Galthié passe de 33 à 80% de victoires – et même 95 sur les deux dernières années.

Mais comment construit-on une équipe qui gagne, au juste ?

Refléter la diversité

Dans un entretien accordé à Charles Pépin sur France Inter le mois dernier, Fabien Galthié se félicite de la diversité sociale et culturelle de la sélection : « Le rugby est devenu un rugby des villes urbaines et des banlieues, qui permet à ceux qui ont du talent et qui ont envie de gravir les échelons de venir représenter la France et le rugby français ».

A l’heure où se pose la question de l’engagement sociétal des entreprises, la diversité devrait être une priorité. Car elle permet d’attirer une large palette de talents et surtout de les retenir !

Le conseil de l’équipe : appliquez une politique de diversité à tous les niveaux et inspirez-vous des pratiques de offboarding à l’américaine – pour permettre au salarié sur le départ de revenir sur son expérience et donc, sur sa perception de la culture d’entreprise. Une mine d’or d’informations pour les RH !

Fédérer autour d’un projet commun

Pour gagner des matchs, il faut avoir une belle équipe. Et pour la construire, il faut « rassembler les individus autour d’un même projet, fédérer pour quelque chose de fort ».

Et s’il suffisait de partager une vision commune pour réengager ses équipes ? C’est du moins l’idée que défend Fabien Galthié. Définir les objectifs à atteindre et poser un cadre clair, où chacun a un rôle à jouer, permet de responsabiliser mais aussi de valoriser les salariés, et de les rassembler autour d’un projet commun.

Le conseil de l’équipe : définissez les objectifs à atteindre et les responsabilités de chacun d’entrée de jeu, et adoptez une communication ouverte tout au long du projet.

Laisser la place aux émotions

Si Fabien Galthié ne renie pas les valeurs de combat et d’abnégation du rugby, il reconnaît volontiers l’importance de l’intelligence émotionnelle : « On a beaucoup travaillé sur l’apprentissage de la compétition et comment on pouvait être un peu plus solide lors de l’épreuve. Pas des compétences techniques, pas des compétences stratégiques, mais des compétences émotionnelles ».

Savoir gérer les émotions désagréables (comme la frustration, la colère ou la culpabilité) permet de développer une certaine résilience et donc, créativité – indispensables dans un monde hyper-concurrentiel…

Le conseil de l’équipe : ne vous focalisez pas (uniquement) sur les savoir-faire. Développez l’intelligence émotionnelle des collaborateurs, en leur offrant la possibilité de suivre des ateliers et des conférences sur le sujet.

Bâtir le collectif

Comment peut-on réussir à « faire équipe » si on est obsédé par les talents individuels ? Il ne suffit pas de prendre les meilleurs pour avoir une belle équipe… surtout dans le sport. Comme le rappelle Charles Pépin, « il faut sortir de l’arithmétique et entrer dans la mystique. Que chacun ne soit pas lui, mais plus que lui, les yeux tournés vers l’horizon. Que chacun ne soit pas lui, mais aussi moins que lui, capable de s’oublier pour vivre le collectif ».

Le conseil de l’équipe : adoptez une culture d’entreprise positive – basée sur le respect, la confiance, la responsabilité et l’intégrité. Loin d’être un petit plus “bonne conscience”, ces valeurs sont moteur de changement et permettent de renforcer la cohésion – sans oublier les petits rituels d’équipe (ateliers de travail, séminaires à l’étranger et autres).