La dernière campagne internationale de MSF, cocréée avec l’agence française Les Présidents, est intitulée “Là où ça fait mal”. Pouvez-vous nous en dire plus sur le concept de cette campagne ?
L’objectif principal de la campagne « Là où ça fait mal » est d’éveiller la conscience collective à l’urgence d’agir. Elle propose de rendre compte de ce qui fait l’ADN de Médecins Sans Frontières depuis plus de 50 ans : soulager la souffrance humaine, sans distinction, où qu’elle se trouve, et précisément « là où ça fait mal ». Grâce aux photos prises par des photographes de MSF dans différents contextes, cette campagne nous plonge au cœur des crises. Elles alertent sur les conditions de vie et les périls auxquels sont exposés des millions de personnes dans le monde. Les slogans utilisés invitent chacun à réfléchir sur sa propre capacité d’action en soutenant MSF, une ONG d’urgence humanitaire médicale qui intervient auprès de ceux qui en ont le plus besoin.
Cette campagne a été réalisée par l’agence française Les Présidents sur commande de la section française de Médecins Sans Frontières, à l’occasion des 50 ans de notre organisation en 2021.
La campagne a d’abord été diffusée dans plusieurs villes de France avant d’être mise à disposition de toutes les autres sections de MSF. Au Luxembourg, la campagne était visible en affichage public, en ligne et dans la presse du 29 novembre 2022 au 9 janvier 2023.
Compte tenu de notre indépendance financière (99% de nos ressources proviennent de dons privés), nous sommes très heureux d’avoir pu utiliser cette campagne ; cela illustre parfaitement le mode de travail collaboratif de notre section à travers le monde, pour rationnaliser nos dépenses et distribuer la grande majorité de nos fonds à notre mission sociale.
En marge de cette campagne, quels sont les moyens que vous utilisez aujourd’hui pour sensibiliser le public et appeler aux dons ?
Nous communiquons très régulièrement envers la presse pour informer de notre actualité et des contextes où nous intervenons. Cela s’inscrit pleinement dans la vocation de témoignage qui a façonné l’histoire de MSF. Mais nous sommes aussi très présents à travers différents évènements et sur les réseaux sociaux.
Au-delà du don, qui est la façon la plus concrète de nous soutenir, suivre et relayer nos actualités est aussi une façon d’agir, notamment chez les plus jeunes. Nous sommes également très ouverts aux innovations et à toute nouvelle forme de soutien. Nous lançons d’ailleurs un appel aux initiatives !
Quelles sont les missions sur lesquelles se concentrent MSF en ce moment ?
Depuis 1971, Médecins Sans Frontières apporte une aide médicale humanitaire aux victimes de conflits, de catastrophes naturelles, d’épidémies ou d’exclusion sanitaire. Nous le faisons en suivant trois grands principes : indépendance, neutralité et impartialité. Cette année, notre activité a notamment été marquée par le conflit en Ukraine, dans lequel nous apportons des soins aux populations par le biais de cliniques mobiles et de trains médicalisés que nous avons mis en place. Mais les urgences sont nombreuses à travers le monde, qu’il s’agisse de conflits (comme au Yémen, frappé également par la malnutrition), de catastrophes naturelles comme cela a été le cas tout récemment avec les inondations au Pakistan, de crises nutritionnelles ou d’épidémies contre lesquelles nous luttons jour après jour.
Comment peut-on faire pour aider une association comme la vôtre ? Un médecin peut-il rejoindre le mouvement de manière ponctuelle ou se consacrent-ils à cette cause à temps plein ?
Il y a de nombreuses façons de soutenir MSF : que ce soit par les dons et legs, le bénévolat ou effectivement en travaillant avec nous ! MSF recrute régulièrement une grande variété de profils : des médecins et professionnels de santé évidemment, mais également des postes logistiques, juridiques et autres. Des annonces d’emploi sont régulièrement disponibles sur notre site (msf.lu), pour des missions de durées variables qui peuvent aller de quelques semaines à plusieurs mois, partout à travers le monde.
Aujourd’hui, avez-vous le sentiment que pour faire une campagne impactante, il faut réussir à choquer, heurter, le public pour susciter des réactions ?
La collecte de fonds de MSF est soumise à une charte interne très précise, qui vise à nous prémunir de la dramatisation des contextes et veille à la dignité des personnes à qui nous venons en aide. Nous sommes également très vigilants sur les messages que nous diffusons et ne cherchons nullement à choquer, mais simplement à relayer les situations et les besoins dont nous sommes témoins.
Cependant, dire et témoigner du réel dont nous avons connaissance peut effectivement susciter des réactions, pour une raison simple : ce que vivent les personnes que nous aidons est trop souvent intolérable. C’est toute la force de cette campagne. Elle témoigne en quelques mots de notre action et des situations que nous voyons, pour inviter chacun à y réfléchir.