Vous êtes le fondateur d’Adoraweb – qui fête cette année son dixième anniversaire . Quel était le projet initial et qu’est devenu Adoraweb en 10 ans ?
Avant de faire le grand saut, je travaillais dans une petite agence de la place où nous sous-traitions toute la partie création de site web et marketing digital. Malheureusement, la qualité de ce que nous fournissions n’était juste pas suffisante… même carrément nulle en fait. Ayant grandi avec un frère développeur et utilisant déjà WordPress, j’ai alors proposé à mon patron de construire une vraie offre web au sein de son agence. Il a refusé, et quelques semaines plus tard je me lançais à mon compte.
L’objectif initial était d’aider les entreprises luxembourgeoises à maîtriser la complexité du digital pour générer des retours mesurables et mesurés. Nous avons maintenu ce cap depuis la création d’Adoraweb et nous n’avons cessé de nous améliorer avec le temps 😉
Pourriez-vous nous raconter un ou deux faits marquants dans l’histoire de votre entreprise ?
Celui qui me vient directement à l’esprit concerne une mission de consultance chez Bâloise au début de l’existence d’Adoraweb. Complètement par hasard, j’ai rencontré leur COO lors d’un événement de la communauté irlandaise du Luxembourg et sans même savoir quelle était sa profession, nous avions commencé à discuter digital. Je lui racontais les stratégies et tactiques que nous mettions en place au sein des PME avec lesquelles nous collaborions et il me relançait avec toujours plus de questions. La conversation a été passionnante et ce que cette personne m’a dit avant que l’on se quitte m’a débarrassé une bonne foi pour toute de mon syndrome de l’imposteur : “Je n’arrive pas à croire que tu fasses tout cela auprès de petites entreprises alors que nous, malgré notre force de frappe, nous n’y arrivons pas. J’aimerais que tu viennes donner des workshops à notre board.” J’ai compris ce jour-là que même si j’étais le plus jeune de l’assemblée, je n’aurais plus jamais à rougir de ce que je pouvais apporter dans la discussion.
Le marketing digital est un secteur en constante évolution, qui avance au rythme des avancées technologiques et des tendances. Comment avez-vous vu évoluer les besoins et les attentes des clients au cours de ces dernières années ?
C’est clair que ca bouge vite, et même un peu trop vite pour le marché si je peux être honnête. Même si je ne me permettrais pas de mettre tout le monde dans le même sac, de nombreuses entreprises ont pris beaucoup de retard et commencent à en payer les conséquences de façon de plus en plus marquée. En effet, plus que des avancées technologiques, nous avons fait face au cours des dernières années à un changement complet de comportement des consommateurs, que ce soit en B2C ou en B2B d’ailleurs.
Malheureusement, nous sommes encore trop souvent contactés parce que l’entreprise en demande “n’apparaît pas dans les résultats de Google” alors qu’il faudrait aborder cela de façon beaucoup plus holistique. Pour générer des résultats, le digital se travaille tout au long du cycle de vie des audiences cibles et non pas seulement sur une tactique d’acquisition de trafic. Pour reprendre mon exemple : évidemment, apparaître sur Google grâce au SEO est très important, mais s’il est destiné à amener le trafic sur une page qui ne convertit pas directement et que l’on ne prévoit pas de tactiques de récupération, apparaître sur Google n’aura aucun impact sur les résultats concrets de l’entreprise.
Quelle est votre ambition sur les 10 prochaines années ?
Claire et limpide : continuer de développer Adoraweb pour apporter des tactiques efficaces à tous les responsables marketing qui ont pu être déçus du manque de résultats obtenus par le digital dans de précédentes expériences.
Comment réussir son virage digital au Luxembourg ?
Excellente question, qui, en 2023, fait encore malheureusement beaucoup de sens au Luxembourg. Nous constatons régulièrement que de nombreuses entreprises ont encore le sentiment que leur site web n’est et ne sera toujours qu’une simple vitrine. Et c’est d’ailleurs souvent la faute d’agences peu scrupuleuses qui leur ont livré des solutions peu performantes par le passé. Pour sortir de ce cercle vicieux et réussir ainsi son virage digital, je donnerai 3 conseils.
Premièrement, chercher l’aide d’une équipe spécialisée. En effet, une embauche en interne, aussi talentueuse soit-elle, ne permettra pas d’y arriver surtout si cette personne a toujours été du côté annonceur. Elle n’a pas l’expérience des dizaines, voire centaines de projets qu’une agence comme la nôtre a menés. Sans mentionner le fait qu’un projet digital réussi fait intervenir de nombreuses compétences rarement disponibles chez une seule et même personne.
Deuxièmement, accorder sa confiance sur le long terme. Passer d’un site Web vitrine avec 36 utilisateurs mensuel et deux demandes de contact par an à une machine d’acquisition, de conversion et de rétention générant des retours mesurés demande du travail, beaucoup de travail. Il faut résister à la tentation des propositions de services qui promettent de tout faire en trois mois, c’est faux. Inscrire un succès digital dans la durée prend du temps et doit donc être envisagé sur le long terme afin de pouvoir profiter d’ une méthodologie d’amélioration continue. Bien entendu, faire confiance ne veut pas dire avancer sans objectif, bien au contraire.
Troisièmement, avancer de manière agile. En effet, le modèle classique de définir en amont et dans le plus grand détail l’ensemble des actions de l’année à venir est la garantie d’un échec cuisant. Au début d’un projet, nous sommes littéralement au point de l’espace temps où nous en savons le moins. Nous ne savons pas ce qui va marcher, quelles sont les audiences qui vont mordre les premières, quels sont les messages qui feront mouche, etc. Et pourtant, c’est presque toujours à ce moment-là que toutes les “grandes” décisions sont prises.
Il est crucial d’aborder sa digitalisation de façon itérative en tirant parti de la possibilité de tester plusieurs tactiques et en acceptant que ce qui est grave, ce n’est pas de se tromper, c’est de ne pas savoir que l’on s’est trompé. Bien entendu, l’expérience fait ici une grande différence pour générer rapidement les premiers résultats 😉
Qui est votre role model et pourquoi ?
Question difficile. Je ne pense pas avoir un et un seul role model. Pour être honnête, j’ai toujours essayer de m’entourer de gens plus doués que moi dans leur spécialité, et quand je ne peux pas le faire en personne, je lis leur bouquin. Mais, si je dois en choisir un, je vais citer Jeff Sutherland, l’un des fondateurs de Scrum et auteur du livre qui a changé à jamais ma façon d’aborder les projets marketing de nos clients : The art of doing twice the work in half the time.
Ce livre explore les méthodes agiles et les principes Lean qui sont utilisés dans le développement de logiciels pour améliorer l’efficacité dans tous les domaines d’activités. Il présente également des astuces pour gérer son temps, éliminer les distractions et travailler de manière plus intelligente plutôt que plus dure. La lecture de ce livre a été la première étape de l’intégration des principes de l’Agilité au sein de notre agence de marketing et cela a été décisif pour avancer en direction de nos objectifs tout en réduisant notre stress et en améliorant globalement la qualité de vie de tous nos collaborateurs.