07.09.2022 Human Resources Farvest decrypt Talents Trends

Le ghosting s’invite en entreprise

Ghosting, entreprise

Si l’on a tous déjà entendu parler du “ghosting”, ce terme anglais qui désigne le fait de mettre fin à une relation brutalement sans donner la moindre explication, le phénomène était jusqu’alors méconnu en entreprise – et pourtant, de plus en plus d’employeurs y sont confrontés.

Imaginez Paul, un jeune architecte d’une trentaine d’années, postuler auprès d’un grand cabinet établi à Londres. Un premier entretien au téléphone, puis un autre en personne avant de lui annoncer la bonne nouvelle : il a décroché le poste et devrait recevoir une offre dans les jours à venir. Une affaire rondement menée, n’est-ce pas ? Pourtant, Paul ne recevra aucune promesse d’embauche et sera totalement ignoré malgré ses relances – la pratique est fréquente.

Pourtant, ces derniers mois, il semblerait que la tendance se soit inversée : selon une étude récemment menée par le moteur de recherche Indeed, 28% des candidats ont déclaré avoir déjà ghosté un recruteur en 2021, soit 9% de plus qu’en 2019 – mais comment expliquer un tel revirement ?

De nombreux spécialistes l’attribuent à la vague de démissions qui a touché de nombreuses entreprises durant la pandémie – une situation qui a naturellement fait peser la balance côté candidats : face à la multiplicité des offres d’emploi, les candidats sont devenus plus exigeants et ont tendance à chercher le poste “idéal” – et donc ignorer les offres qui ne s’en rapprochent pas (ou plus).

Autre explication possible : la digitalisation des processus de recrutement. Si les entretiens se sont longtemps fait en personne, la pandémie a inévitablement changé les règles du jeu : aujourd’hui, plus de 90% des entretiens se font en ligne – une aubaine pour les candidats qui préfèrent s’effacer en cours de route et ignorer leurs potentiels employeurs, sans donner la moindre explication.

Quelle qu’en soit la raison, une chose est sûre : le phénomène inquiète de plus en plus les cabinets de recrutement. À tel point que certains se sont déjà penchés sur la question et ont proposé des pistes de réflexion :

– Opter pour des processus de recrutement plus courts (pour avoir un ordre d’idée, une étude APEC a récemment évalué la durée moyenne de recrutement d’un cadre en CDI à neuf semaines) ;

– Jouer la carte de la transparence avec les candidats, en leur donnant par exemple la date des prochaines échéances dès la fin du premier entretien ;

– Leur raconter l’histoire de l’entreprise, pour leur permettre de se projeter plus facilement et de mieux comprendre ce que le poste va leur apporter.

Et si tout ça n’était qu’une question de communication et de considération finalement ?