Alors que l’écart de rémunération entre les hommes et les femmes – connu sous le nom de Gender Pay Gap (GPG) – a longtemps été en défaveur des femmes, il a changé de signe pour la première fois au Luxembourg en 2021, “pour l’économie dans son ensemble, hors administration publique”.
Si on note également une tendance à la baisse dans les autres pays de l’Union européenne, le GPG reste largement positif en 2021 pour la plupart.
Selon les derniers chiffres publiés par Eurostat, la moyenne européenne se situe à 12,4% et place ainsi nos voisins français et allemand sur le banc des mauvais élèves, avec une moyenne respective de 15,4% et 17,6%.
A ce jour, le Luxembourg est donc le seul État membre à avoir atteint l’égalité salariale – et ce, de manière fulgurante. Au cours de ces dernières années, le GPG est passé de 8% (en 2011) à – 0,2% (en 2021) alors que la moyenne européenne a reculé de 16% à 12,7% seulement, sur la même période.
Selon les premières estimations du STATEC, l’écart salarial devrait continuer à se creuser en faveur des femmes au Luxembourg, avec un pourcentage estimé à -0,4 pour l’année 2022.
Dès lors, comment expliquer ce changement ? Le STATEC évoque plusieurs pistes. Tout d’abord, le niveau d’éducation moyen des femmes – supérieur à celui des hommes, avec un « education gap » qui se creuse de plus en plus en faveur des femmes issues de la nouvelle génération. Enfin, la forte présence des femmes dans des branches d’activité à salaires relativement élevés, telles que l’éducation, la santé, la finance, la recherche et les services juridiques.
Mais peut-on vraiment affirmer avoir atteint l’égalité salariale au Luxembourg ? Pas tout à fait.
Si les progrès en matière d’égalité salariale sont notables, le STATEC précise toutefois que l’indicateur du GPG – calculé selon une méthodologie européenne établie par Eurostat – compare des salaires moyens et non des salaires à travail égal – ne tenant pas compte “des différences de caractéristiques ou des types de postes occupés par les hommes et par les femmes”.
Dans les faits, le niveau moyen des revenus annuels (y compris les bonus de fin d’année) de l’ensemble des femmes salariées est largement inférieur à celui des hommes. Le STATEC évoque notamment le recours au temps partiel, qui reste majoritairement privilégié par les femmes et qui expliquerait donc la différence entre le nombre d’heures rémunérées chez les hommes et les femmes – connue sous le nom de Gender Hours Gap (GHG) – estimée aujourd’hui à -13% en moyenne.
Mais le recours des femmes au temps partiel est-il toujours volontaire ? Si certaines choisissent délibérément de réduire leur temps de travail pour se consacrer à l’éducation de leurs enfants et à leur vie de famille, d’autres, en revanche, n’ont pas cette chance. Et pour cause, la monoparentalité reste un phénomène largement féminin – estimé à 82,7% par la Confédération générale de la fonction publique. Le syndicat LCGB avait d’ailleurs profité de la journée de la femme en 2022 pour interpeller le gouvernement sur le risque de pauvreté des ménages monoparentaux, notamment à cause des situations de travail partiel involontaire.
Une belle avancée truffée de subtilités donc, que le Luxembourg va devoir traiter au plus vite s’il souhaite conserver son rôle de pionnier en la matière.