Médicaments contre l’obésité : nouvelle avancée ou faux espoirs pour les patients ?

Writer Agathe Gueneau

L’obésité est une maladie qui touche un nombre croissant de personnes en France et en Europe, si bien que l’OMS parle « d’épidémie ». Au fil des années, de nouveaux médicaments ont été développés et mis en vente sur le marché… Non sans risques.

L’obésité est une maladie complexe qu’on définit via un Indice de Masse Corporelle (IMC) – calculé en divisant le poids par la taille au carré. On considère qu’une personne est en situation d’obésité à partir d’un IMC de 30 et en surpoids à partir de 25.

Invitée sur France Culture la semaine dernière, Karine Clément, médecin (nutritionniste), professeur de nutrition à l’Université Pierre et Marie Curie a déclaré :

« Aujourd’hui, en France, nous parlons de 17% de personnes touchées en moyenne. Mais les chiffres peuvent progresser. En Angleterre, l’obésité concerne 32 % des citoyens {…} Beaucoup de facteurs différents peuvent agir sur cette maladie tels que la génétique, le stress {…} On peut d’ailleurs parler d’obésités au pluriel ».

Une situation pour le moins inquiétante qui peut s’expliquer par les changements de modes de vie ces trente dernières années : des assiettes plus fournies mais nettement moins équilibrées, la multiplication des sources de stress, la sédentarité… Autant de facteurs qui augmentent les risques d’obésité. Sans oublier le facteur génétique. 

« Jusqu’à présent, la prise en charge était multiple : physique, psychologique, alimentation, rythme du sommeil et bien d’autres. La difficulté se trouve dans la durée »

ajoute Karine Clément

La chirurgie d’obésité – réservée aux personnes ayant un IMC supérieur à 35 – reste une solution très bien encadrée et permet de rendre service à des patients souffrant d’obésité – sans être l’enjeu miracle évidemment. 

De nos jours, certains médicaments et certaines molécules promettent également une perte de poids, pouvant aller jusqu’à 20% :

« Ces molécules que l’on essaie depuis plusieurs années dans le domaine du diabète sont des hormones fabriquées par l’intestin et qui agissent directement sur la prise alimentaire ; c’est à dire qu’elles aident à contrôler la prise alimentaire, ce n’est pas un coupe faim ! Certaines agissent aussi sur le pancréas au niveau de la sécrétion d’insuline. Pour des cas diabétiques, ces médicaments ont aidé à la perte du poids mais si les doses étaient augmentées donc aujourd’hui ces hormones qui peuvent être combinées d’ailleurs ont des effets assez intéressants sur la perte de poids dans le temps et surtout de manière durable. Ces effets seraient presque comme la chirurgie d’obésité, on attend jusqu’à 15% voire 20% de perte au bout d’un an ». 

Suite au scandale du Médiator – destiné à l’origine aux personnes diabétiques – et à ses nombreux effets secondaires ayant entraîné la mort de plus de 1000 patients, doit-on vraiment se fier à ces nouveaux médicaments contre l’obésité ? Karine Clément rappelle que chaque nouvelle molécule a un bénéfice et un risque, même si, selon elle, le seul risque potentiel serait d’ordre digestif et varierait selon les organismes, surtout en début de traitement.  

Quant aux chirurgies bariatriques – communément appelées “chirurgies de l’obésité” – la revue médicale du 25 janvier dernier annonçait une augmentation du taux de suicide ces dernières années. L’étude, basée sur des centaines de milliers de personnes et sur le très long terme, indique une réduction de 16% du taux de mortalité, mais surtout une réduction significative des risques cardio-vasculaires, de cancer et de diabète. En revanche, en l’absence de suivi, l’étude note un taux de suicide en hausse, que certains spécialistes expliquent notamment par les perturbations psychologiques liées à un changement physique trop “brutal”. D’où l’importance de l’encadrement pré- et postopératoire du patient.

Si ces nouveaux médicaments laissent entrevoir un nouvel espoir pour les personnes souffrant d’obésité, ils nécessitent toutefois un encadrement et un suivi sur le long terme, pour éviter tout effet pervers.