21.02.2022 Finance International

Mis en cause, Credit Suisse Group répond aux accusations

Une enquête internationale menée par plusieurs médias publiée le 20 février accuse le groupe bancaire d’avoir hébergé pendant plusieurs décennies des dizaines de milliards d’euros de fonds d’origine criminelle ou illicite. Le jour même de la publication de l’enquête, Credit Suisse Group a fait savoir qu’il rejettait «fermement les allégations et insinuations concernant les prétendues pratiques commerciales de la banque».

L’enquête, intitulée «Suisse Secrets» a été menée par l’Organized Crime and Corruption Reporting Project (OCCRP), consortium regroupant 48 médias parmi lesquels Le Monde, The Guardian, le Miami Herald, la Nacion, à la suite d’une importante fuite de données remise anonymement il y a un peu plus d’un an au quotidien allemand Süddeutsche Zeitung.

Ces données concernent plus de 18000 comptes bancaires hébergés au Credit Suisse entre le début des années 1940 et la fin des années 2010 et appartenant à 37000 personnes ou entreprises, précise le quotidien Le Monde. «Basée sur une fuite massive d’informations issues de milliers de comptes bancaires administrés par Credit Suisse, [l’enquête] montre qu’au mépris des règles de vigilance s’imposant aux grandes banques internationales, l’établissement, né à Zurich, a hébergé des fonds liés au crime et à la corruption plusieurs décennies durant : l’argent de dizaines de dictateurs et d’hommes politiques corrompus, de grosses fortunes à l’origine illicite ou douteuse, d’individus et d’entreprises frappés par des sanctions internationales, voire de réseaux criminels ou mafieux», avance le journal.

Pour le groupe bancaire helvétique, qui s’est exprimé par voie de communiqué : «Les questions présentées appartiennent pour l’essentiel au passé et remontent dans certains cas aux années 1940. Ces questions sont basées sur des informations partielles, inexactes ou sélectives sorties de leur contexte, donnant lieu à des interprétations tendancieuses de la conduite des affaires de la banque. Bien que, en vertu de la loi, le Credit Suisse ne puisse pas faire de commentaires sur des relations potentielles avec les clients, nous pouvons confirmer que les mesures nécessaires ont été prises conformément aux directives et aux exigences réglementaires applicables au moment pertinent, et que les problématiques y relatives ont déjà été traitées.

À la suite des nombreuses investigations effectuées par le groupe de médias au cours des trois dernières semaines, le Credit Suisse a examiné un grand nombre de comptes potentiellement associés aux questions présentées. Près de 90% des comptes examinés sont aujourd’hui fermés ou étaient en cours de fermeture avant la réception des demandes de la presse. Plus de 60% des comptes concernés ont été fermés avant 2015. En ce qui concerne les comptes encore actifs, nous sommes convaincus d’avoir appliqué des procédures de due diligence, des vérifications et d’autres mesures de contrôle appropriées conformément à notre cadre actuel.»

Au total, ce sont plus de 100 milliards de francs suisses (plus de 95 milliards d’euros) qui sont concernés par les comptes étudiés par le consortium. Les fuites se concentrent principalement sur des pays en développement en Afrique, au Moyen-Orient, en Asie et en Amérique du Sud. Les clients domiciliés en Europe occidentale ne représentent que 1 % du total, précise le quotidien français.

 

Source: Le Monde, Credit Suisse Group