L’arrivée de Musk aux commandes de Twitter a eu l’effet d’une bombe, bien qu’elle n’ait rien de surprenant. Avant même l’annonce officielle, Musk avait déjà partagé quelques unes de ses idées quant à l’avenir du réseau. Il avait notamment précisé sa volonté de restituer la liberté d’expression sur la plateforme et d’enlever les sanctions sur les comptes bannis, comme celui de Donald Trump par exemple. Mais il semblerait que Twitter subisse des changements plus importants, de quoi créer la controverse.
Certains employés avaient anticipé son arrivée en tant que directeur général en posant leur démission en avance. Ils ne voulaient pas rester dans une entreprise qui allait devenir un “cauchemar”. Des sources ont également révélé la démission de cinq dirigeants de Twitter. En plus de cela, Musk s’est chargé lui-même de licencier Parag Agrawal (PDG), Ned Segal (Directeur Financier), Sean Edgett (Conseiller Général) et Vijaya Gadde (Chargée des questions de régulation) jeudi dernier, le jour-même où il a pris ses nouvelles fonctions.
Et Elon Musk ne compte pas s’arrêter là. Bloomberg a déclaré hier qu’Elon Musk prévoit de réduire considérablement les effectifs des employés Twitter de moitié. L’objectif étant de réduire les dépenses. Sachant que Twitter compte 7500 employés dans le monde, cela voudrait dire que 3750 personnes sont susceptibles de perdre leur emploi. D’autre part, Musk envisagerait également de revoir la politique du télétravail, obligeant les employés à travailler sur leur lieu de travail. Sûrement une stratégie pour pousser certains à démissionner d’eux-mêmes. Pour le moment, Musk n’a pas répondu à ces rumeurs.
Qu’en est-il des nouvelles règles à venir ? Elon Musk tweet au compte-gouttes ses ambitions pour la plateforme. Pour compléter l’actuel abonnement à 5$/mois – donnant accès à un meilleur mode de lecture et des outils d’édition – il a annoncé hier vouloir modifier cet abonnement. Celui-ci s’élèverait à 8$/mois et permettrait, en plus des fonctionnalités initiales, de certifier son compte Twitter. Ce gage d’authenticité est aujourd’hui réservé qu’à des profils spécifiques, comme les gouvernements, les médias, les entreprises, ou encore les personnalités publiques. L’abonnement prévoit également d’offrir la possibilité de publier de longs audios et vidéos et moitié moins de publicités.
“Le système actuel des seigneurs et des paysans, avec ceux qui ont la coche bleue et ceux qui ne l’ont pas, c’est des conneries. Pouvoir au peuple ! Bleu pour 8$/mois” – Elon Musk.
Musk défend ce projet en précisant que ce nouvel abonnement représenterait une source de revenus pour les créateurs de contenus, ainsi qu’une aide pour les annonceurs. Ces derniers se montrent néanmoins réticents, en particulier par rapport au “conseil de modération” que Musk souhaite mettre en place. Le GARM – institution internationale luttant pour des média et des publicités digitales responsables – a publié un communiqué dans lequel il est mentionné qu’elle surveille ceci de près. L’institution s’inquiète également de l’assouplissement des règles de contenus sur Twitter, qui risquent de compromettre l’image des marques sur la plateforme : “le brand safety n’est pas négociable pour les annonceurs”.
En attendant, Interpublic Group (IPG) – société spécialisée dans les solutions marketing – a encouragé ses clients (dont Coca-Cola, L’Oréal ou Nintendo) à suspendre leurs dépenses publicitaires sur Twitter. D’autre part, 40+ groupes de défense des droits civiques ont partagé mardi dernier une lettre ouverte aux annonceurs principaux de Twitter. Ils les alertent que les projets de Musk mettent en péril l’avenir du réseau social : “Twitter ne sera et ne pourra pas être une plateforme sécurisée pour les marques”. Ils invitent les publicitaires à agir d’urgence, avant que la plateforme ne soit davantage inondée de messages haineux et de fake news.
Les entreprises et annonceurs doivent désormais faire un choix entre rester ou non sur la plateforme contrôlée par Elon Musk. Qu’est-ce que cela signifierait s’ils décident de rester sur Twitter ? L’avenir de cette dernière est pour le moment incertain. Il a encore tweeté ce matin à propos du potentiel de Twitter.