UBS rachète Credit Suisse après un long week-end de négociations

Writer Laura Campan

Le président de la Confédération suisse, Alain Berset, a confirmé le rachat du Credit Suisse par UBS, pour un montant de 3 milliards de francs suisses, lors d’une conférence de presse ce dimanche 19 mars.

Une filature rocambolesque dans les rues de Zurich d’un ancien cadre de haut rang, une affaire de blanchiment de fonds issus d’un trafic de cocaïne, des révélations en série à la Panama Papers… La (lente) descente aux enfers du Credit Suisse ne date pas d’hier. 

L’onde de choc californienne n’a fait qu’asséner le coup de grâce.

“Too big to fail”, les autorités suisses se sont vite saisies du dossier. Lors d’une conférence de presse tenue ce dimanche soir, le président de la Confédération suisse, Alain Berset – flanqué de la ministre des Finances Karin Keller-Sutter, du président de la Banque nationale suisse (BNS) Thomas Jordan et des deux présidents Alex Lehmann (Credit Suisse) et Colm Kelleher (UBS) – a rappelé que le destin du Credit Suisse n’était pas uniquement décisif pour le pays “mais également pour la stabilité de l’ensemble du système financier international”. 

La BNS et la Confédération suisse avaient ainsi injecté 50 milliards de francs suisses chacune, les mercredi 15 et jeudi 16 mars, dont le Credit Suisse a pu disposer dès le lendemain. 

Une opération de sauvetage en urgence qui n’a malheureusement pas suffit à stopper l’hémorragie et a mené à un long week-end de négociations avec UBS. Ce dernier a finalement accepté de racheter son rival pour une bouchée de pain : 3 milliards de francs suisses pour une banque qui en valait près du double (environ 7,4 milliards) à la clôture de la Bourse. 

La présidente de la Banque centrale européenne (BCE), Christine Lagarde, a salué les décisions prises par les autorités suisses, qu’elle qualifie d’essentielles “pour rétablir des conditions de marché ordonnées et garantir la stabilité financière”. 

Pour faire bonne mesure, la Fed, la BCE et les banques nationales anglaise, suisse et japonaise ont annoncé dans la foulée une action coordonnée pour améliorer l’accès à des liquidités et rassurer les marchés, en pleine crise de confiance. 

Dans une note publiée ce lundi 20 mars, l’analyste de City Index, Matt Simpson, relève toutefois “une forte dose de suspicion et de paranoïa” sur les marchés. Selon lui, les incertitudes pourraient durer “un certain temps”, malgré les nombreuses mesures de soutien annoncées ce week-end. 

Mais au-delà du volet financier, quel sort réserver aux employés du Credit Suisse ? Ce dimanche, le syndicat des employés de banques en Suisse aurait “exigé” la participation des partenaires sociaux aux discussions, compte tenu “des enjeux énormes pour l’emploi”.